Et revoilà le président togolais à Bamako. Faure Gnassingbé n’est pas
qu’allé présenter de vive voix ses vœux de nouvel au colonel Assimi Goïta. Il
avait plus urgent à faire, les 46 militaires ivoiriens étant toujours aux mains
de la junte militaire au pouvoir au Mali. Ceux qui pensaient que les
soldats ivoiriens embastillés au Mali regagneraient leurs pénates pour fêter
l’année nouvelle ont dû déchanter, et leurs familles qui les attendaient à la
maison ont dû se résoudre à passer les fêtes de fin d’année sans eux. Le chef
de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, n’a pas lâché son butin. Il
est même passé par la case justice qui a lourdement condamné ses «mercenaires»,
n’épargnant même pas les trois femmes du lot qui, pourtant, avaient été libérées
par les autorités maliennes pour des «raisons humanitaires».
Mais toutes ces dernières
péripéties semblent faire corps avec le «happy end» que ficellent, autour du
médiateur togolais, les différents protagonistes pour cette série dont le
premier épisode a été joué à l’aéroport Modibo Keïta de Bamako, un dimanche
calme de juillet 2022. Titre: l’arrestation.
Or les choses semblaient avoir
pris une bonne tournure, le 22 décembre 2022, avec la visite d’une délégation
officielle ivoirienne sur les bords du Djoliba: l’esprit y a été qualifié de
fraternel, un mémorandum y a été signé par les parties malienne et ivoirienne
qui laissait entrevoir une issue heureuse pour ces soldats dont l’incarcération
cristallise la mésentente entre les deux Etats voisins.
Idéologiquement, les deux pays
divergent depuis l’accession de la junte malienne au pouvoir. L’un, le Mali, ne
fait pas secret de son rapprochement avec la Russie, tandis que la Cote
d’Ivoire est considérée comme le salon feutré du pré carré français en Afrique de
l’Ouest. De plus, dans le bras de fer qui a opposé le Mali à la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), le pays de Goïta a perçu
dans l’intransigeance de l’instance panafricaine à son encontre comme la
manipulation d’une main invisible…ivoirienne, Abidjan qui ne voyait pas d’un
bon œil que des putschistes s’installent à sa frontière.
Dernier fait et pas le moindre,
les deux régimes sont diamétralement opposés quant au qualificatif désignant
les soldats ivoiriens prisonniers au Mali. Tandis que la Côte d’ivoire les
présente comme des agents de l’armée nationale en mission de soutien à la
Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au
Mali (Minusma), le Mali les tient pour des mercenaires déstabilisateurs. Sans
oublier cette revendication de la junte malienne qui reproche à son voisin
ivoirien sa trop grande amabilité à l’égard de personnalités maliennes
recherchées par la justice de leur pays.
Mais toutes ces bisbilles
devraient maintenant relever du passé, à moins d’un nouveau rebondissement dans
cette affaire dont le suspense n’a que trop duré!
Le court séjour du médiateur
attitré du Mali, ressemble, à s’y méprendre à la fin du calvaire des 46
militaires ivoiriens pour qui il aurait plaidé la grâce présidentielle. Surtout
que sur le chemin de retour, Faure Gnassingbé qui s’investit corps et âme dans
ce dossier, est passé par Abidjan où il s’est entretenu avec son homologue. Les
deux dirigeants qui n’ont rien laissé filtrer de leur conciliabule, tenus comme
par un secret de confessionnal, peaufinent sans doute le plan de libération des
46 soldats ivoiriens, qui n’humiliera aucune des parties en négociation.