Il y a des pays qui, sans les avoir visités, impriment déjà en nous une
image mentale. Lorsque l’on découvre leurs paysages dans la réalité, ils nous
semblent familiers. La Guinée ne fait pas partie de ces pays. Ce ne sont pas
les merveilles visuelles qui manquent pourtant : des scènes surréalistes
qu’offrent sa capitale, aux richesses naturelles des régions intérieures, la
Guinée est un terrain de jeu aux possibilités infinies pour les photographes.
Alors comment expliquer ce manque d'images ?
Papa Youssoupha Seck, alias
PysPic, a posé ses valises à Conakry : « Je suis d'origine
sénégalaise et photographe professionnel. J'ai connu la Guinée en
2013-2014, il y avait ce côté "nature" qui m'avait un peu capté. » Il
nous emmène au port de Kaporo qu’il a l’habitude de photographier. « Il y
a beaucoup d'endroits, beaucoup de choses à prendre en photo en fait. C'est
plein d'inspiration à ciel ouvert, c'est pourquoi moi, tous les jours que
je sors pour prendre des photos, j'ai toujours de beaux clichés. Quand je les
regarde, que je les revois, je me dis "mais écoute, ce pays, est-ce qu'ils
savent qu'ils sont sur une mine d'or ?" »
Des photos disparues
Si le potentiel photographique du
pays semble aujourd’hui sous-exploité, ça n’a pas toujours été le cas. Juste
après l’indépendance, les arts, la culture sont en pleine expansion. Youssoupha
a entrepris de retrouver les grands noms oubliés de la photo guinéenne.
« Je demande toujours à croire qu'il y a certains noms de la photographie
en Guinée qui existent ou qui existaient qu'on doit découvrir et rencontrer si
possible », affirme-t-il.
Cette quête l’a conduit notamment
à l’Onacig (l’Office National du Cinéma, de la Vidéo et de la Photo de
Guinée). « On a quelques photos là et puis quelques clichés de
la Première République. En Guinée, la Première République est la période la
mieux documentée », présente Noël Lamah, directeur général de
l'Onacig. Les photos sont entreposées en vrac, dans quatre grands
placards. « Avec les mutations et les différents changements que
nous avons connus, on a quasiment perdu plus de 90 % du fond
documentaire qui existait à l'Onacig. »
Former les nouvelles générations
L’Office est aussi
engagé dans la formation de la nouvelle génération. « On a fait venir
l'année dernière un photographe malien du nom de Seydou Camara, qui expose un
peu par le monde et le terme qu'on avait choisi, c'était "la photo
documentaire". Cette formation a abouti à une exposition photo qu'on a
appelée "Conakry vue par les photographes de Guinée". » Un
catalogue de 75 photos a été établi.
« La troisième phase de
cette opération, c'est de créer un site internet qui va héberger toutes ces
photos, de sorte que dans le moteur de recherche, lorsqu'on va cliquer des
images de Conakry, ce sera le regard des Guinéens sur la Guinée. » Pour
que le pays retrouve toute sa diversité, sa complexité, sa beauté à l’image.
Rfi