Plus de 100 organisations politiques et de la société civile ont lancé
dimanche à Dakar une coalition pour faire barrage à un éventuel troisième
mandat du président Macky Sall, à 10 mois de l’élection présidentielle.
Le Mouvement des forces vives du
Sénégal F24, en référence à la présidentielle prévue en février 2024, a été
lancé en présence de plusieurs chefs de l’opposition, dont Ousmane Sonko.
La coalition est formée notamment
de partis, d’organisations de la société civile et de personnalités
indépendantes. Elle vise « le respect par le président Macky Sall (élu en 2012
et réélu en 2019) de la Constitution et de la parole donnée et son renoncement
à présenter sa candidature pour un troisième mandat illégal et illégitime »,
selon sa déclaration publiée dimanche.
Le président Sall, après
plusieurs déclarations dans lesquelles il affirmait qu’il ne se présenterait
pas en 2024, reste aujourd’hui muet sur ses intentions par rapport à ce
scrutin, alors que ses opposants estiment qu’il finit ses deux mandats légaux.
Le dirigeant sénégalais a
maintenu ouverte la question de sa candidature en faisant valoir que seuls des
facteurs politiques, et non pas constitutionnels, l’empêcheraient de se
présenter, dans un entretien publié mi-mars par le magazine français L’Express.
“Sur le plan juridique, le débat
est tranché depuis longtemps” en sa faveur, déclare-t-il dans cet entretien.
“Maintenant, dois-je me porter candidat pour un troisième mandat ou non ? (…)
Je n’ai pas encore apporté ma réponse. Le moment venu, je ferai savoir ma
position”.
Plus de 120 entités ont signé dimanche la charte du Mouvement F24,
selon ses initiateurs
La coalition réclame aussi la
libération des “détenus politiques” arrêtés lors des manifestations liées au
procès en diffamation intenté contre Ousmane Sonko par le ministre du Tourisme
Mame Mbaye Niang, également responsable du parti présidentiel.
Des centaines de personnes ont
été ces dernières semaines arrêtées lors de ces manifestations, selon le parti
de M. Sonko, à qui le ministre Niang reprochait d’avoir déclaré qu’il avait été
épinglé par un rapport d’une institution de contrôle pour sa gestion d’un fonds
pour l’emploi des jeunes.
M. Sonko doit être jugé en appel
lundi, après avoir été condamné le 30 mars à deux mois de prison avec sursis et
200 millions de francs CFA de dommages et intérêts. L’opposant conserve
cependant son éligibilité pour la présidentielle de 2024, selon ses avocats.
Le parquet et la partie civile
ont fait appel de ce jugement. M. Sonko et ses soutiens accusent le pouvoir
d’instrumentaliser la justice pour l’empêcher de se présenter à la
présidentielle de 2024. Le parti présidentiel accuse de son côté M. Sonko de
vouloir paralyser le pays et de se servir de la rue pour échapper à la justice.
En mars 2021, la mise en cause de
M. Sonko dans une autre affaire, de viols présumés, et son arrestation sur le
chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes
depuis des années au Sénégal, ilôt de stabilité dans une région ouest-africaine
troublée. Elles avaient fait au moins une douzaine de morts.
Seneweb